• Temps de lecture :5 min de lecture

Surprenante nouvelle adaptation du conte des frères Grimm, Hansel et Gretel, agents secrets (Secret Magic Control Agency / Ганзель, Гретель и Агентство Магии) est une création des studios d’animation russe Wizart, mais a été réalisée en anglais, co-produite par une société américaine et diffusée sur Netflix. Une macédoine de gènes qui vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour ses nombreuses références.

Critique et analyse

Loin de reprendre l’intrigue originelle du conte allemand, cette version 2021 dynamite nos souvenirs d’enfance : Hansel est désormais un magicien roublard qui gagne un peu d’argent en vendant des amulettes magiques à quelques spectateurs crédules, et Gretel est devenue agent secret dans la prestigieuse organisation qui contrôle la magie dans le Royaume. Lorsque le Roi est mystérieusement enlevé à la suite d’un repas, c’est naturellement à ce binôme que l’on pense pour le retrouver avant la grande fête annuelle où le monarque doit absolument paraître.

Bardés de gadgets technologiques façon James Bond, les deux aventuriers vont devoir affronter de nombreuses péripéties au cours desquelles ils seront aux prises avec une Baba Yaga anthropophage, une sorcière qui règne sur un lac enchanté, une boule de pâte géante, des militaires en pain d’épice, des cupcakes fantasques et une redoutable cuisinière aux pouvoirs envoûtants. Classiquement, ils y (re)découvriront le sens de la famille et la fraternité qui les unit.

Le projet est né en 2018 après l’important succès des studios Wizart Animation pour leurs nouvelles adaptations du conte de La Reine des neiges (quatre films entre 2012 et 2019 ; un cinquième épisode devrait sortir en 2021). Avec plus de 60.000 dessins à synchroniser avec des voix et des thèmes musicaux originaux, sous la supervision de 15 départements, le film est un projet d’ampleur, mené par le réalisateur Alexeï Tsitsiline.

La grande force du film a été de dépoussiérer un conte du XIXe siècle et de l’adapter aux références culturelles des spectateurs du XXIe siècle, gorgés de Disney, Pixar et des univers esthétisés de réalisateurs comme Tim Burton. Ainsi retrouve-t-on, tout au long du film, des clins d’œil plus ou moins appuyés à ces univers communs : les cailloux du petit poucet deviennent des diodes lumineuses capables d’éclairer un chemin ; la base secrète de l’agence de la magie est accessible depuis une boutique anodine, comme chez Kingsman (Vaughn, 2015) ; la fabrique de la cuisinière maléfique, aidée de petites créatures farceuses, ressemble à l’usine colorée de Charlie et la chocolaterie (Burton, 2005). Au cœur de l’agence secrète, une chambre forte renferme aussi des objets enchanteurs : la lampe magique d’Aladin, les bottes de sept lieues et même la boîte de Pandore !

Le spectateur malicieux prendra un plaisir non dissimulé à enquêter, comme Hansel et Gretel, sur toutes les petites références cachées dans les recoins de l’écran. Il trouvera même quelques splendeurs architecturales, telle cette maison de Baba Yaga à l’ossature barcelonaise, inspirée de l’œuvre de Gaudí.

Difficile pour moi de dire (ou de voir) dans quelle mesure le film renouvèle, ou non, l’art très complexe de l’animation. Si le scénario semble assez balisé, sans grosses surprises sur le déroulement et le dénouement de l’intrigue, il est aussi très agréable à visionner, grâce à ses décors luxuriants et ses gentils personnages, très expressifs. Essentiellement destiné aux plus jeunes, il remplira très bien son rôle d’excellent divertissement familial.

Comment voir ce film ?

Hansel et Gretel, agents secrets est disponible en streaming sur la plateforme Netflix, dans sa version originale sous-titrée et dans une très bonne version française (avec les voix habituelles des films d’animation francophones). Il est bien regrettable de pas trouver la version russe !

Laisser un commentaire