Incontestablement l’un des meilleurs ouvrages pour appréhender les caractéristiques et ambiguïtés du cinéma dit « stalinien », qui s’étend du début des années 1930 à la mort du dictateur en 1953. Natacha Laurent, historienne du cinéma, a eu accès à de très nombreuses archives pour réaliser cette thèse, pionnière du genre.

Natacha Laurent (préface de Nicolas Werth)
L’œil du Kremlin : cinéma et censure en URSS sous Staline
Toulouse, Éditions Privat
Octobre 2000
286 pages

Présentation de l’éditeur
« Le cinéma est le plus important de tous les arts », affirme Lénine dès 1922. Considéré comme un instrument privilégié du conditionnement des esprits, le cinéma va occuper une place centrale dans l’appareil de propagande bolchevique. Contrôlée par le Parti communiste, la production cinématographique de l’URSS doit reproduire fidèlement la réalité, mais pas n’importe laquelle : celle qui correspond aux vues du Comité central. Les dirigeants soviétiques élaborent ainsi un impitoyable appareil administratif de censure, particulièrement dur pendant une période assez mal connue du stalinisme : les années 1940. C’est une stupéfiante plongée dans les arcanes de l’administration soviétique que nous propose l’auteur qui, à la lumière de documents d’archives jusqu’alors totalement inédits, a étudié les structures de contrôle, la stratégie du Comité central et les réactions des professionnels du cinéma face à la censure. Dans sa préface, Nicolas Werth déclare d’emblée : « L’Œil du Kremlin est assurément l’un des tout premiers ouvrages, en français, de ce que l’on pourrait appeler la « nouvelle histoire de l’URSS », telle qu’on peut aujourd’hui l’aborder après l’ouverture des archives soviétiques. Et dans ce domaine de l’histoire contemporaine à redécouvrir, Natacha Laurent est assurément l’une des plus brillantes historiennes de sa génération. »