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Quelques jours après la mort du réalisateur Vladimir Menchov, c’est une autre figure populaire de l’Union Soviétique et de la Russie contemporaine qui disparaît avec Piotr Mamonov, mort ce jeudi 15 juillet 2021 des suites de la Covid-19, après plusieurs semaines d’hospitalisation.

De sa vie romantique en forme de longue élégie, on retiendra que Piotr Mamonov fut d’abord un poète, un traducteur et un musicien talentueux, qui marqua de son empreinte originale le rock des années 1980. Sur scène, les témoignages racontent un artiste iconoclaste, « mélange de bouffon de rue, de salaud galant et d’ivrogne inconsciemment amer » (Troitsky, 1988).

En 1990, il débuta une nouvelle carrière au cinéma, grâce au réalisateur Pavel Lounguine, qui l’employa pour être la vedette de son premier film, Taxi Blues (1990), prix de la mise en scène au Festival de Cannes et incarnation durable d’une certaine renaissance du cinéma russe, teintée de tchernoukha. Piotr Mamonov retrouva Lounguine deux autres fois, pour des prestations marquantes : il fut le moine torturé de L’île (2006) – un rôle très personnel pour celui qui devint progressivement un orthodoxe fervent, très critique sur la nouvelle société russe – puis le nouveau visage d’Ivan le Terrible dans Tsar (2009). De ses autres prestations au cinéma, on retiendra surtout son rôle dans le dramatique La jambe (Tiagounov, 1991), transposition d’une nouvelle de William Faulkner à la guerre d’Afghanistan, et son rôle tragi-comique de père dur au mal dans le Shapito Show (2011) polyphonique de Sergueï Loban.

À l’annonce de sa mort, de nombreux artistes et anonymes ont témoigné de leur admiration pour cet artiste philosophe « devenu quelque chose d’éternel » (Alexeï Guerman Jr.), de ceux qui « n’ont rien fait pour le plaisir ou le profit mais pour leur conscience » (Zakhar Prilepine).

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