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Aucun autre homme ne fut plus important, dans ma vie de cinéphile, que Bertrand Tavernier. Explorateur vorace de tous les horizons cinématographiques, passeur truculent d’anecdotes inoubliables, enchanteur du passé et éclaireur ardent des films de patrimoine. Au sortir de mes années d’étudiant, à l’université, c’est grâce à ses films, ses interviews, ses entretiens dans les bonus de DVD, ses merveilleux livres et ses films que je compris que le cinéma n’était pas qu’un simple divertissement ou une industrie capitaliste.

Il y a quelques années, lors d’une rencontre à Rennes, à l’occasion de la sortie de QUAI D’ORSAY (2013), il m’écrivit très gentiment quelques mots sur la première page de son Pas à pas dans la brume électrique (Flammarion, 2009), passionnant récit de tournage au cœur du bayou de l’Atchafalaya, en Louisiane. Hier, à l’annonce de sa mort, j’ai relu ses lignes : « Filmer c’est … lutter, douter, rire, explorer, vaincre, aimer ». Autant de vocations que l’on pourrait transposer aussi au seul acte de visionner des films.

Le cinéma comme apprentissage du monde, de l’Histoire, de la vie : ce fut la grande leçon de mon voyage aux côtés de Bertrand Tavernier. Ce blog n’est pas autre chose qu’une découverte, pas à pas, passionnée, charnelle, amusée, éblouie, sidérante, explosive et amoureuse du cinéma russe et soviétique.

Bertrand Tavernier partageait régulièrement sur un blog des conseils DVD, littérature et musique. Relire ses articles est un régal ; comme ses livres, ils fourmillent d’éclats de culture, un mot sur un film oublié amenant une découverte littéraire, puis un hommage à un compositeur méconnu. Il modérait lui-même des centaines de commentaires passionnés, répondant personnellement à des inconnus à toutes les heures du jour et de la nuit. Je dois le reconnaître, c’est, en partie, ce blog qui me donna envie d’écrire sur le cinéma russe.

Si ses passions viscérales restaient le cinéma français et le cinéma américain, Bertrand Tavernier ne se bornait jamais à un seul paysage cinématographique. Sa soif n’avait aucune limite. Récemment, il avait encore partagé sur son blog plusieurs découvertes autour du cinéma soviétique, dont je laisse ici quelques extraits. De MOSCOU NE CROIT PAS AUX LARMES (Menchov, 1980) à REQUIEM POUR UN MASSACRE (Klimov, 1985) en passant par le livre d’entretiens de Michel Ciment et Andreï Kontchalovski (2019), Tavernier s’enthousiasma pour ce cinéma méconnu mais accessible à tous, en bonne qualité et avec de nombreux bonus, grâce à cet incroyable objet que reste le DVD.

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Cet article a 5 commentaires

  1. Jacques Simon

    Je peux témoigner du fait que Bertrand Tavernier est venu plusieurs fois au club de cinéma russe l’Oiseau de feu, il entretenait d’ailleurs des relations amicales avec Jacques Maskharachvili qui a créé ce club et en a été l’animateur de 1950 à 2009.
    Jacques

  2. princecranoir

    Très bel hommage qui dévoile un Tavernier passionné par le cinéma de tous les continents.

      1. princecranoir

        Mais de rien.
        Je ne connaissais pas ce livre qui relate j’imagine l’aventure de la production du film avec Tommy Lee Jones. Je viens de découvrir le très beau documentaire de NT Bihn consacré au cinéaste (Bertrand Tavernier, cinéaste de tous les combats) où on le voit se plier à une séance de dédicace dans la salle du Premier Film à Lyon. Voilà qui ne pouvait mieux résonner avec cet article.

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