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Pour saluer la mémoire du grand acteur britannique Sean Connery (1930-2020), quelques images extraites de sa participation au film LA TENTE ROUGE (Красная палатка, 1969), dernier long métrage de Mikhaïl Kalatozov.

Sean Connery, qui sortait du succès international de ON NE VIT QUE DEUX FOIS (Gilbert, 1967), cinquième épisode des aventures de James Bond au cinéma, incarne dans ce film soviético-italien le rôle de l’explorateur polaire Roald Amundsen, dans une histoire romancée autour de l’expédition de 1928, qui lui coûta la vie.

L’acteur britannique était alors pratiquement inconnu en URSS puisque les films dans lesquels il incarne le célèbre agent 007 n’étaient pas diffusés dans le monde communiste. Il ne resta que trois semaines sur le tournage, le temps pour lui d’admirer l’indifférence générale de l’équipe et des curieux à son égard – ce qui ne manqua pas de le surprendre. D’après Vladimir Vyssotski, qui lui consacra une chanson comique par la suite (Une chanson sur James Bond, l’agent 007 / Песня про Джеймса Бонда, агента 007), il organisa même une fête, avec alcool étranger à volonté, pour divertir et sympathiser avec les soviétiques : les invités finirent tous les verres et quittèrent la soirée, sans avoir compris un mot d’anglais, seule langue parlée par leur hôte !

Dans la version soviétique du film, Sean Connery est doublé par Youri Yakovlev.

Cet article a 2 commentaires

  1. Je me permets de compléter avec une traduction de l’introduction donnée par Vyssotski dans l’enregistrement que vous avez mis en lien, une version plus développée de l’anecdote que vous avez par ailleurs bien résumée. La tenue de l’événement semble être confirmée par d’autres sources, mais les détails donnés par Vyssotski sont probablement en grande partie apocryphes, et sont là surtout comme un avant-goût des hyperboles comiques du morceau.

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    C’est une chanson sur James Bond, « l’agent 007 »… Ou plutôt… Il faudrait là une petite introduction… Cette chanson parle de Sean Connery : il y a un artiste célèbre comme ça qui a incarné James Bond dans de nombreux films réalisés d’après les romans de Ian Fleming. C’est une personne très populaire, il se déplace avec une escorte, personne ne sait où il habite : il fuit ses admirateurs importuns, évidemment, parce que là-bas, tout ça est… très développé. Et donc, on l’a invité à venir tourner un film chez nous. Et voilà que son vol atterrit, il est toujours sur ses gardes, bien entendu, il descend de l’avion, mais les gens passent à côté de lui sans le voir, c’est à peine s’ils ne crachent pas dans sa direction, comme j’aime dire, il n’a pas d’honneurs particuliers, parce que ces films, chez nous, personne ne les a vus. Du coup, il a passé deux bonnes semaines à se promener en respirant à pleine poitrine, puis après il a quand même senti qu’il lui manquait quelque chose, et donc il a demandé à l’administration d’organiser un événement : « Il faudrait expliquer qui je suis, au moins à ceux qui travaillent avec moi ». Il a donc fait une petite soirée, on y a invité des acteurs, des actrices, des journalistes, il a acheté de bonnes boissons à « Bériozka » [*], des whiskys, des gins, a dressé la table. C’est un monsieur très charmant… mais il n’a rien de « super » dans la vie, c’est simplement un monsieur respectable, un peu dégarni et grisonnant, d’un certain âge. Il a passé la soirée à divertir tout le monde… par contre il le faisait en anglais… et parmi les convives, à la fin de la soirée, nombreux étaient ceux qui avaient du mal même avec le russe… [rires de la salle]. Et donc lui il dit un truc en anglais, et eux ils trinquent. Du coup, comme ça ils ont tout bu, tout mangé, et ils sont partis. Et il est parti lui aussi. Après, comme le rapportent des témoins qui le surveillaient par le trou de la serrure et qui l’avaient sur écoute, il est longtemps resté assis en répétant en anglais « c’est un pays mystérieux » [rires de la salle].

    * magasins soviétiques réservés aux touristes où l’on vendait souvenirs et produits de consommation contre des devises étrangères
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    J’ai un brouillon de l’adaptation française du morceau lui-même, mais je ne sais pas si j’arriverai à en surmonter tous les défis de traduction un jour (ce qui est dommage parce qu’il est vraiment poilant par endroits)

    « Imaginez-vous seulement :
    Aux Usa, lors des adieux
    Tous les hippies chevelus
    Se sont rasés les cheveux… »

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