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Film de commande pour célébrer le millième anniversaire de la fondation de Iaroslav, l’une des plus anciennes villes de Russie, située sur la Volga, Prince Yaroslav (Яросла́в. Ты́сячу лет наза́д) est une production au rabais, sans originalité ni véritables intentions cinématographiques. 90 minutes de vide.

L’idée de départ n’est, pourtant, pas si mauvaise : évoquer les jeunes années de Yaroslav (le Sage), l’un des fils de Vladimir Ier, futur grand prince de la Rus’ de Kiev au XIe siècle, célèbre pour son code de loi (Rousskaïa Pravda), ses nombreuses constructions d’églises orthodoxes et les relations que la principauté développa progressivement avec les autres forces européennes et orientales de l’époque. Aujourd’hui vénéré comme un saint en Russie, Yaroslav a bénéficié d’une imposante hagiographie au cours des siècles, peuplée de légendes plus ou moins célèbres. Le film choisit d’évoquer un point très précis de cette histoire parcellaire : les prémices de Iaroslav, la ville fondée par le jeune prince lorsqu’il était à Rostov. Sans véritables moyens (réduits encore par la crise économique de 2008) ni inventivité, Prince Yaroslav se réduit à de longues séquences de forêt, dans laquelle un ensemble de beaux soldats, aux barbes bien taillées et aux teints hâlés, discutent et se battent pour contrôler un bout de terre près du fleuve. Les trucages numériques (peu nombreux) sont lamentables, autant que les scènes d’escarmouches ou l’irruption de l’ours au milieu du village. Le prince est incarné par un jeune acteur aux traits fins et aux cheveux soyeux, christique ; Alexeï Kravtchenko, quant à lui, ressemble davantage à Chuck Norris qu’à un guerrier du Moyen Âge, sa plus belle performance étant de vomir en gros plan, face caméra.

Difficile d’aller au bout de cette mièvrerie en costumes – téléfilm raté plutôt que vraie production ambitieuse. Les plus courageux pourront le trouver en DVD ou en Blu-ray (Zylo, 2012), avec une version française et une version originale sous-titrée.

Cette publication a un commentaire

  1. Ce que je pu voir, dans les années ’10, de productions ayant pour cadre la «Rus des temps jadis», c’était pas joli-joli, Cela vient peut-être du fait que je les ai vu en derniers, mais les deux films qui me viennent à l’esprit sont :
    — La légende Kolovrat (Легенда о Коловрате, 2017), tentative de faire un «300 à la russe», et ajoutez du slow-mo et du green-screen à en vomir (on ne peut pas leur ôter une certaine intention esthétique, mais le résultat est douteux).
    — Le Viking (Викинг, 2016), une production à très gros budget (au moment de sa sortie il tenait le titre de film le plus cher du cinéma russe, je ne sais pas s’il a été dépassé depuis), on est donc loin de l’image ignoble de Kolovrat. Le film raconte l’histoire de Vladimir Sviatoslavitch, du moins, la version qu’on les scénaristes de sa biographie lointaine et brumeuse: un gros sauvage païen qui, à la fin, devient subitement orthodoxe et vertueux.

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